Les jeunes, le sexe, le devoir de société, la solitude
(Partie 3/3 - Soyons optimistes, le monde va mieux !)
Ecrit le 21 mai 2024 par Julien Le Sciellour

Et pourtant, il y a de quoi être optimiste dans ce monde qui semble si difficile. De toute façon nous avons besoin de redonner confiance. Des solutions simples existent, c’est l’objectif de cette dernière partie.
Loin du dicton, bien sûr que la vérité est bonne à dire, si elle est bien dite. Il ne faut pas être fin psychologue pour s’apercevoir que l’on comprend mieux le monde qui nous entoure si l’on prend le temps de l’explication. On pourrait se cacher derrière la complexité du monde, ça serait faire preuve de lâcheté. Sortons des postures moralisatrices et intransigeantes et prenons du recul.
Comprendre la jeunesse passe par la rassurer et avoir l’honnêteté de dire la vérité, de la diplomatie dans le langage et lui offrir la reconnaissance qu’elle demande.
Etre rassurant, être honnête
Il semblerait que notre société d’aujourd’hui soit empreinte d’émotions permanentes où tout avis – avant d’être réfléchi et posé – est le fruit d’une parole fondée sur l’émotion. Il n’y a rien de plus dévastateur. Notre débat public doit partir des faits tels qu’ils sont, que l’on puisse s’accorder sur un même niveau de connaissance pour ensuite laisser libres l’interprétation et les solutions de chacun.
Ainsi donc, dans une démocratie où le vote doit être éclairé, il est essentiel de lutter contre les « croyances » préexistantes dans le domaine scientifique et la défiance envers la science est inquiétante alors même qu’elle est une alliée efficace dans un monde si chancelant. En viciant notre savoir, le risque serait de prendre des décisions personnelles pour lesquelles nous n’avons pas toutes les clés en main pour faire preuve de discernement. Des vérités utiles et rassurantes il y en a pourtant, il suffit de les accepter :
La lutte contre le réchauffement avance bien
La lutte contre le réchauffement climatique avance. A titre d’exemple nous citerons en vrac :
- La quantité d’émission de gaz à effet de serre (“GES”) diminue fortement en Europe. Depuis 1990, nos émissions de GES ont diminué de 30 % [1] ;
- Plus encore, les récentes données montrent qu’il existe un découplage entre la croissance économique (PIB) et les émissions de CO2 (en tenant compte des imports-exports) [2]. Nous nous enrichissons tout en diminuant nos émissions de CO2, principal effet de serre. C’est une bonne nouvelle et cela signifie par la même occasion que notre modèle économique est soutenable. D’après les données du Financial Times, une grande partie des pays riches réussissent à avoir une croissance économique (courbes en bleue) tout en réduisant leurs émissions de CO2 (courbes en rouge) ;

- La faune en Europe prolifère et fait son retour. Ainsi, d’après le rapport Wildlife Comeback de 2022, les populations de mammifères en Europe n’ont jamais été aussi nombreuses [3]. Fruit des politiques de conservation des espaces de vie, de protection des animaux et de leur réintroduction, certaines espèces animales ont vu leur population augmenter parfois plus de 10 fois leur nombre initial dans les années 60/90 ;

- La France et l’Europe protègent une partie toujours plus importante de leurs territoires [4] et [5] ;
- 35% des espaces maritimes Français sont “protégés” au travers de la classification Natura 2000 (l’instrument de politique européen de protection des espaces qui énonce un ensemble de mesures visant à protéger les espaces maritimes : régulation, encadrement, voire interdiction des activités humaines) ;
- C’est 32% pour le territoire terrestre notamment au travers de notre réseau de parcs nationaux ;
- 35% des espaces maritimes Français sont “protégés” au travers de la classification Natura 2000 (l’instrument de politique européen de protection des espaces qui énonce un ensemble de mesures visant à protéger les espaces maritimes : régulation, encadrement, voire interdiction des activités humaines) ;
- Enfin, on pourrait aussi montrer que l’éolien (colonne bleue) et les panneaux solaires (colonne jaune) ont représenté 80% des nouvelles capacités productives d’électricité installées dans le monde en 2022…contre 7% pour le charbon [6]. Le Climatescope 2023 de BloombergNEF montre ainsi que les énergies renouvelables représentent dorénavant l’immense majorité de la production d’énergie nouvellement installée dans le monde de ces dernières années ;

- Ainsi donc, en 2023, 30% de la production mondiale d’électricité venait d’énergies renouvelables, soit le plus haut niveau et cela s’accélère [7] ;

- Grâce à l’action de l’ensemble des pays du monde et du progrès technique, le Programme des Nations Unies pour l’environnement montre que le trou dans la couche d’ozone se referme et devrait être complétement comblé d’ici 40 ans permettant ainsi d’éviter un réchauffement de l’ordre de 0,3 à 0,5 degrés d’ici 2100 [8]. Cette victoire est devenue possible grâce à l’action coordonnée du progrès technique et de la communauté internationale au travers du Protocole de Montréal de 1987. Depuis, “les émissions mondiales de substances appauvrissant la couche d’ozone ont diminué de plus de 99 %, les fabricants les ayant remplacées par des produits moins nocifs” [9].
Peut-être n’est-ce pas l’écologie que certains souhaitaient, préférant la décroissance ou la sobriété, mais ça n’en reste pas moins de l’écologie. Notre objectif est de limiter voire d’éviter la hausse des températures déséquilibrant la faune, la flore et mettant en péril nos espaces de vie. Si l’écologie telle que pratiquée permet aussi de maintenir nos libertés et notre richesse, alors c’est pour le mieux.
Le libéralisme économique, meilleure arme pour le développement et la survie de l’humanité
Les biens-faits du libéralisme sont immenses et ceux qui souhaitent en changer ne sont pas encore capables d’offrir les mêmes perspectives de bien-être. Ne nions pas l’existence des effets négatifs bien sûr, mais regardons ce que le libéralisme a offert au monde :
- Alors que l’espérance de vie stagnait jusqu’au début des années 1900 (nous vivions autant de temps en 1700 qu’en 1900), celle-ci augmente depuis partout dans le monde et nous avons gagné environ 40 ans de vie humaine [10] ;

- De même pour la mortalité infantile qui n’a jamais été aussi faible dans le monde. Alors qu’un enfant sur trois mourrait en Inde au début des années 1900, aujourd’hui ce taux est de 3%, et il est même inférieur à 1% pour les pays Occidentaux [11] ;

- D’après la Banque Mondiale, en 30 ans le nombre de personnes en extrême pauvreté est passé de 2 milliards à 700 millions de personnes (les personnes en extrême pauvreté sont définis comme ceux gagnant moins de 2,15 $ par jour – corrigé de l’inflation) [12].

On pourrait accumuler les faits mais l’idée générale est la suivante : notre monde va mieux qu’on ne le pense. Bien sûr l’environnement actuel est instable, dangereux et nous pourrions perdre tous ces bienfaits, il ne reste qu’à nous de les défendre.
Les politiques sont régulièrement accusés d’être des menteurs, non parce qu’ils promettent et échouent (cela pourrait se comprendre) mais parce qu’ils promettent des réalités alternatives qu’ils sont incapables d’offrir. La vérité favorise l’authenticité et la confiance, c’est ce sur quoi nous devrions travailler.
Etre diplomate
Mieux que de la vindicte, c’est d’échanges mesurés et tempérés que nous avons besoin. Sans ironie, sans jugement moral, il y a des manières d’aborder une discussion, une sorte de diplomatie du langage ; et les manières, écrivait Jankélévitch, adoucissent l’aigreur de la vérité.
La jeunesse a beau être parfois moralisatrice, elle n’aime pas lorsqu’on la reprend. Elle a beau être certaine de ses combats car si la jeunesse sait ce qu’elle ne veut pas avant de savoir ce qu’elle veut selon les mots de Cocteau, il faut malgré tout la pousser dans ses retranchements. Parce qu’elle est pessimiste, il est impératif de lui donner des raisons d’espérer. Mais pour cela, il faut aussi l’écouter.
Etre reconnaissant
Les jeunes le disent trop souvent, et ne sont entendus que trop rarement. Il en résulte une sorte de fatigue démocratique où le “vote” devient alors inutile à leurs yeux. Ils sont pourtant des réserves de voix, mais ou bien n’arrivent pas à se faire entendre et sont donc réduits à des longues manifestations sur fond de révolte populaire, ou bien laissent tomber l’exercice démocratique à tel point que 70% des jeunes n’iront pas voter aux élections européennes de 2024 [13].
On pourrait argumenter, comme dans l’article du Monde, que les jeunes sont naturellement plus abstentionnistes du fait de leurs études et de la recherche d’une vie stable (ce qui alors doit poser la question de l’utilité du vote à 16 ans) mais ne permet pas d’expliquer un si haut niveau d’abstention alors même que cette catégorie d’âge semble si politisée.
Si l’on ajoute à cela une grande fragilité psychologique (guerres, écologie, faits divers….) exacerbée par des politiques qui en profitent pour leur vendre des peurs irrationnelles sans offrir d’alternative viable autre que le “dégagisme”, alors on ne peut pas s’étonner de l’engouement auprès des partis extrémistes au moment où les partis classiques ne réussissent pas à modifier leur programme.
La démographie de l’Europe est en berne et met en péril notre modèle social. A cette occasion, le Président de la République a dévoilé un plan pour « lutter contre l’infertilité » dont les moyens alloués font douter de notre capacité à réaliser le « réarmement démographique » souhaité. Car les véritables causes n’ont pas été abordées : insécurité économique et angoisse des jeunes vis à vis de l’avenir. Bien sûr, il n’y a pas de solutions évidentes mais certaines peuvent être mises en œuvre rapidement, toujours plus utile que d’attendre la révélation d’une politique de natalité toujours aussi mystérieuse : moins de déni de réalité, rassurer la jeunesse sur son avenir, mettre en œuvre des politiques pour réduire le coût de l’immobilier.
Sources :
[1]https://www.touteleurope.eu/environnement/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-dans-l-union-europeenne/)
[2]https://www.ft.com/content/967e1d77-8d3c-4256-9339-6ea7025cd5d3
[3]Hannah Ritchie (2022) – “Wild mammals are making a comeback in Europe thanks to conservation efforts”. Retrieved from: ‘https://ourworldindata.org/europe-mammal-comeback’
[4]https://www.touteleurope.eu/environnement/environnement-qu-est-ce-que-natura-2000/
[5]Rapport de L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), Tableau de bord des Aires Protégées Françaises, 2021
[6]Climatescope 2023, BloombergNEF, https://assets.bbhub.io/professional/sites/24/BNEF_Climatescope_Report.pdf
[7]https://ourworldindata.org/data-insights/renewable-electricity-2023
[8]https://www.unep.org/news-and-stories/press-release/ozone-layer-recovery-track-helping-avoid-global-warming-05degc
[9]https://ourworldindata.org/data-insights/emissions-of-substances-that-deplete-the-ozone-layer-have-fallen-by-more-than-99-since-1989
[10]https://ourworldindata.org/grapher/life-expectancy
[11]https://ourworldindata.org/grapher/child-mortality
[12]https://pip.worldbank.org/home
[13]https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/04/30/elections-europeennes-des-jeunes-expliquent-pourquoi-ils-n-iront-pas-voter_6230674_823448.html